lundi, octobre 02, 2006

Vision binaire de la religion




La religion s’exprime à deux niveaux:

La religion en tant que symbole totalisant et la religion en tant que soubassement métaphysique.

Le rôle symbolique apparaît comme créateur d’énergie psychique dans un parcours historique. Le soubassement métaphysique intègre cette énergie dans un processus d’unification totalisante.

Le niveau supérieur de la religion correspond à un moteur primaire dont le rôle est de faire avancer une constitution métaphysique concurremment à l’avancée des sciences physiques.

La religion en constituant une traînée historico-psychique condense la transformation historique en créant un halo perceptif. La sensitivité de l’action religieuse est une condition nécessaire à l’accomplissement de la totalisation historique transformant le schème de la vibration vide en un schème accomplitif(1) rejoignant à son niveau le schème de l’accomplissement scientifique.

Les croyants par leur intensification psychique aident à la propagation du halo historique. Leur vision d’absolu confirmatif équilibre l’absolu ontologique qui se décharge en un infini uniel (2).

Le refus de la métaphysique aboutit à un déséquilibre ontologique, la physique psychique n’arrivant plus à se résorber dans une vision infinitisante (3).

La prise de conscience de la nécessité métaphysique s’exprime aussi à deux niveaux :

Premièrement, la prise de conscience d’une supériorité métaphysique qui contrebalance la créativité naturelle.

Deuxièmement, la prise de conscience des limites internes de la métaphysique valorisant la conscience humaine, élément second sortant de l’irréalité constitutive.

L’apparition des religions est le fruit d’un processus psycho-imaginaire qui correspond à un besoin ontologique nécessaire. La représentation religieuse reprend par symbole une possibilité de l’incrustation ontologique dans la réalité. Elle élève en absolu une combinaison étrale infinie. L’importance de la représentation religieuse réside dans son aspect globalisant et unitaire. Elle constitue la première réponse au questionnement humain sur le mystère du monde. Elle précède la réponse scientifique tout en maintenant la supposition sur sa propre position dogmative.

L’homme se satisfait de l’explication religieuse qui l’aide à maintenir un équilibre psychologique. Mais l’explication religieuse contribue à un second but immanent : progresser vers l’étape de la vision ultime, celle de la découverte des lois de l’élément cosmique.

Mais en progressant dans l’histoire, la vision religieuse s’incruste dans les croyances et les états d’âme des sociétés pour aboutir à la formation d’un système complexe de psychologie sociale reposant sur une fictivité absolue laquelle devance la science par sa réponse globale et totalisante.

Mais vouloir éliminer le fait religieux aboutit à un déséquilibre ontologique étant donné que le système de la créativité post-interne a besoin d’une imbrication permanente des éléments d’absolus fictifs et d’absolus réels. Une coupure brutale de l’élément psycho-métaphysique aboutit à une non-insertion de la vague des données de la permanence absolue.

Les faits religieux modelés dans des tranches d’absolus doivent assumer leur historicité en tant que vecteurs de directions psychologiques condensant des parties d’histoires dans des vérités d’absolus à connexion partielle.

La trilogie chrétienne correspond à une trilogie ontologique. Le Père peut correspondre à l’Etre, le Fils à la puissance d’Etre et le Saint-Esprit au fait Etral. En divisant les références religieuses à des points de base de l’étralité nous retrouvons devant nous deux commencements :

Un commencement mystique qui donne une image psychique de la possibilité d’Etre et un commencement effectif que la raison cherche à élucider.

Le commencement mystique attache l’affect à une vision globale qui se remplit en pratique par le déroulement de l’histoire. D’un autre côté, un début ratio-scientifique noue et dénoue par bonds et par trouvailles, les mystères des lois de la nature cosmique.

Les tenants de la globalité religieuse se réfèrent à un sentiment perçu qui par sa condition d’absoluité exige un attachement sans preuves. Il enveloppe la totalité ressentie et équilibre le sentiment de questionnement général. En adoptant les catégories religieuses, le croyant élucide la problématique cosmique. Il ne lui reste plus qu’à suivre les préceptes et les commandements de sa religion. Sa démarche s’enveloppe d’un écran totalisant, à l’intérieur duquel il vit sa manière sociale et individuelle. Si nous supposons qu’à un certain moment il remet en question la vérité de la problématique d’absoluité, il ne peut sortir de l’imbrication historique et sociale qui entoure son affect. Il se transforme alors en un individu conscient de la non véracité absolue des éléments de sa religion, mais intégré au sentiment historique de solidarité avec les membres vivants ou passés de la religion en question.

L’adopteur (4) de la religion est un membre sociologique de cette religion qui revendique une appartenance à la culture historique et aux aléas de sa religion, sortant de la pensée de sa valeur eschatologique mais demeurant ancré profondément dans sa valeur culturelle et trans-nationale.

La religion devient pour lui la démarche historique globlisante formatrice de l’élément transnational et rattachée à une vision cosmogonique, c’est à dire à une adoption donnée de la spiritualité cosmique. La religion est pour lui l’aléa de son incrustation dans l’être-là à partir d’un fondement neuro-ontologique rattaché à sa forme sociale et individuelle.

Toute religion s’interacte à deux niveaux : le plan général salvateur inscrit dans les préceptes mêmes de la religion et l’impact inconscient que sa socialité en mouvance infére à ses tenants.

L’inférence méta-sociologique de la religion contredit le niveau dogmatique en insérant une constante pratique à des données méta-spirituelles. Le retour à la praticité n’est pas à confondre avec le pouvoir législateur et interférent des princes de l’Eglise.

L’action socio-nationale est une prise de conscience chez les intellectuels de l’impact historique du vécu de la religion. Cette prise de conscience est immanente chez les masses populaires qui n’arrivent généralement pas à distinguer entre le Credo impératif et le désir diffus de défendre l’élément socio-religieux en tant qu’afférant extrême à la sensibilité du groupe.

La différenciation entre le système théologique et son impact historique sur les populations est une tâche primordiale pour éviter une anorexie nationale. Une population qui éjecte son sentiment national-religieux se retrouve paupérisée dans ses liens intra-groupaux et tend à l’effritement et à la dévascularisation.

le 19/09/2006

Sami Pharès


N.B : les termes en italique sont des expressions qui réflètent l’esprit du texte. Certains mots ont été forgés par l’auteur.